Pourquoi abandonner un CDI bien payé et repartir de zéro en créant son entreprise ?
Pour ce nouvel épisode des Divergents, nous sommes avec Aldric Dula, ingénieur informatique reconverti dans la kinésiologie.
Un divorce, un violent accident de la route, l’ont poussé à une profonde remise en question. Il a repris ses études et a tout lâché pour s’accorder avec ses valeurs. Désormais, il a son cabinet de praticien en kinésiologie et s’occupe de jeunes handicapés dans un job à temps partiel. Il va vous expliquer le cheminement qui l’a conduit à un tel bouleversement.
L’histoire d’Aldric Dula en podcast (cliquez sur le lecteur audio ci-dessous) :
Épisode n°4 – Aldric Dula, de l'ingénierie informatique à la kinésiologie – Les Divergents
Aldric Dula se livre sur ses choix, et pourquoi il les a suivis (version écrite et résumée) :
Je ne connaissais pas Aldric Dula il y a encore trois mois. Pourtant, nous avons dû nous croiser à plusieurs reprises à la salle de gym que nous fréquentons.
C’est là, entre deux exercices sur les machines de torture, que nous avons sympathisé. J’ai parlé à Aldric de mon projet de podcast sur les histoires de reconversion professionnelle et les profils atypiques. Il a tout de suite accepté de se confier. J’en étais très content. Car son vécu, comme vous pourrez en juger, n’est pas banal.
Il habite à quelques minutes de chez moi, dans son appartement du 1er étage de La Roche-sur-Foron. Un logement qui fait également office de bureau pour ses consultations de kinésiologue.
Aldric a aménagé dans cet ancien cabinet de soins dentaires, son coin douillet à lui. Un espace lumineux, accueillant, où on se sent tout de suite chez soi.
C’est là, installé sur des coussins, dans son living-room, que nous avons discuté boulot, enfants, changement de vie, divorce, remise en question, etc. Tous les sujets qui vous intéressent si vous écoutez ce podcast inspirant.
Aldric est un personnage avec une histoire authentique et atypique. Car il n’a pas hésité à tout quitter : un job (très) bien payé, son pays d’origine.
Ah, je ne vous ai pas tout dit. Aldric a entamé une reconversion professionnelle dans la kinésiologie, mais il cumule avec un job d’encadrant pour handicapés. C’est un slasheur-entrepreneur.
Voici le récit d’une expérience personnelle d’un vrai divergent.
Les Divergents : Bonjour Aldric, peux-tu nous expliquer en quoi consiste ta nouvelle activité de kinésiologue ?
– Aldric Dula : « La kinésiologie, c’est la science du mouvement. On s’est rendu compte que, lorsqu’on est stressé, on est tendu. Et inversement. Nous allons mesurer le tonus musculaire. Qui va nous donner des informations sur le stress d’une personne. On va lui poser des questions et en fonction des réponses, on pourra dresser une cartographie de ce qui se passe chez le patient. Ensuite, il y a plusieurs méthodes de résolution. Nous nous intéressons à l’être dans sa partie holistique, énergétique, émotionnelle, psy. Nous nous concentrons sur la cause des maux. »
Les Divergents : Donc, si je te suis bien, dans ta discipline, les organes du corps, la psychologie des personnes, tout a un lien.
– « Personnellement, j’en suis convaincu. Tout est une question de croyances. Même si nous restons dans le domaine du physique. La médecine chinoise, c’est quand même trois mille ans d’ancienneté ! Les bases sont solides. Et je suis quelqu’un de concret, je suis un ancien informaticien.
«Je me suis posé beaucoup de questions, sur ce qui n’allait pas chez moi, sur ma vie.»
Ce qui m’a amené vers cette discipline, c’est qu’à un moment de ma vie, je me suis posé beaucoup de questions, sur ce qui n’allait pas chez moi, sur ma vie. Était-ce la crise de la quarantaine ? Je ne sais pas, même si ça a débuté un peu avant mes 40 ans. Du coup, j’ai vu pas mal de monde. Un psy, des magnétiseurs, des gens plus marabouts qu’un autre. Et par hasard, je suis tombé sur un kinésiologue. Je me suis demandé ce qu’était cette discipline. Je me suis renseigné. J’ai appris qu’il y avait une école à Genève. Ce qui représentait un coût financier, c’est clair. J’ai choisi la filière suisse qui est reconnue par les caisses maladies suisses. J’ai tenté l’expérience en France. »
Les Divergents : La kinésiologie n’est pas ta seule activité. Tu travailles à 70 % comme accompagnant dans un IME (Institut médico-éducatif).
– « Exactement, je m’occupe d’enfants qui ont des problèmes intellectuels. Ensuite, j’ai deux heures le matin et l’après-midi de disponibles. Un travail avant tout qui me permet de payer les factures, en attendant que la clientèle du cabinet grandisse. »
Les Divergents : Aldric, tu as débuté ta carrière en Suisse, après des études d’ingénieur informatique. Il faut bien dire que, même si dans notre pays voisin, le coût de la vie est plus élevé que chez nous, un informaticien est très bien payé. On comprend que tu as voulu aligner tes valeurs avec un choix de nouvelle vie. Peux-tu nous expliquer ce qui t’a amené à un tel cheminement ?
– « L’informatique, c’est génial, passionnant, il y a de l’innovation. Après, passer toute sa vie devant un ordinateur… J’ai eu la chance de gravir rapidement les échelons. Je me suis retrouvé cadre. Avec 15-20 personnes à diriger. Après, je suis parti dans une grande banque.
Trouver le travail idéal pour une personne était un rêve pour moi. Mais la réalité était tout autre.
J’ai aussi travaillé dans les ressources humaines, car j’aime beaucoup l’humain, échanger, partager. Mais je me suis rendu compte que là aussi, c’était un business. Trouver le travail idéal pour une personne était un rêve pour moi. Mais la réalité était tout autre. »
Les Divergents : Y a-t-il eu des déclics dans ta vie qui ont amené tous ces changements dans ta vie ? Enfin, si tu acceptes d’en parler…
– « La vie m’a mis des coups de pied aux fesses, si on peut dire. Le premier déclic, et bien, c’est un divorce, après un accident de voiture assez violent. Au travail, j’étais cadre. Il ne fallait pas compter ses heures. J’avais l’impression d’être entre le marteau et l’enclume. Vendre des choses à mes employés auxquelles je ne croyais pas, ça m’épuisait. J’ai réalisé que je n’étais pas fait pour ça. Malgré tous les avantages financiers. Finalement, tout le département informatique a été licencié. Je n’ai pas voulu repartir là-dedans. Je me suis dit, l’argent ce n’est pas tout.
«Se lever le matin avec énergie et passion. Comme quand tu es amoureux ! Je trouve ça fantastique comme sensation.» Récit d’une expérience personnelle…
Ce qui compte, c’est d’être heureux. Faire quelque chose qui nous passionne. Se lever le matin avec énergie et passion. Comme quand tu es amoureux ! Je trouve ça fantastique comme sensation. Je voulais retrouver quelque chose comme ça. Je suis allé dans les ressources humaines, et j’ai vite déchanté. Nous en avons déjà parlé. Finalement, il y a eu la médecine alternative, douce. C’était un choix difficile ! Cette formation était à destination des adultes, elle se passait donc le week-end. Parfois le lundi, le vendredi. Il fallait prendre des congés. Ce n’était pas simple. »
Les Divergents : Qu’est-ce qui a changé en toi depuis cette nouvelle vie ?
– « C’est vrai que je suis beaucoup moins stressé. Je n’ai pas les mêmes horaires, la même pression. Quand on est cadre, il faut justifier son rendement, rendre des comptes. Et si ça ne joue pas, il faut mener des actions qu’on n’aime pas toujours. »
Les Divergents : Y a-t-il des détails, des symptômes, des signes d’alerte qui peuvent nous dire que, voilà, dans notre boulot, ça ne va plus ?
– « Déjà, si vous vous levez le matin fatigué malgré une bonne nuit de sommeil, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas. On peut avoir un problème au travail, mais aussi dans le couple, ou un souci de santé. Il arrive qu’on vive des périodes sombres.
Toutes les épreuves nous enrichissent
Toutes ces épreuves nous enrichissent. Souvent, c’est un mal pour un bien. Il faut se lancer. Ne pas avoir peur. La peur, c’est ce qui nous empêche d’avancer. Même si la peur est naturelle et peut nous être utile dans certaines situations. C’est clair que nous sommes dans une société de consommation et ça peut nous freiner. Mais une petite balade en forêt, ça ne coûte rien finalement ! Avant, je n’avais pas le temps pour ça. »
Propos recueillis par Damien Ricaut
pour le podcast Les Divergents
PS : les histoires de Divergents vous plaisent ? Les gens qui suivent leur conviction, ça vous inspire ?
Alors, vous allez adorer l’histoire de Nathalie, qui a vaincu ses doutes et ses peurs pour devenir entrepreneuse. Et s’inventer la vie dont elle rêvait.
Écoutez-la tout de suite ici.